Bienvenue dans ce premier numéro d’épistolaire.
épistolaire, c’est une newsletter que j’imagine être un espace convivial, intime, de partage de coups de cœur artistiques, culturels ou tout autre. Je ne m’interdis rien, ni même de parler de ma passion grandissante pour la mode (entrainant des heures passées dans des friperies à acheter des manteaux oversize qui me font ressembler à Jean Moulin - photo à la fin). Ce sera également un journal de bord où je vais vous parler de création, et des coulisses de fabrication de mes nouveaux projets. Mais avant de commencer, je vais d’abord me (re)présenter et je vais vous expliquer : Pourquoi ?
La première fois que j’ai commencé à oser présenter mes premiers écrits, c’était en 2019. Je franchissais alors les portes d’une école des Arts de l’humour à Lille, dans la section auteur. J’avais une idée bien précise de l’histoire que je voulais raconter ou faire raconter.
Depuis, ces premiers textes sont devenus des chroniques sur Instagram, puis des passages sur des plateaux de stand up, une rencontre avec toute une équipe artistique pour aboutir enfin à un spectacle joué à Avignon en 2022 puis au Théâtre du Marais à Paris pour une vingtaine de représentations entre 2023 et 2024.
En mars dernier, j’avais organisé la captation vidéo du spectacle, pour enfin présenter des extraits, me permettre d’être programmé dans des salles, des festivals et ouvrir la porte au développement tant attendu et espéré. LE GRAAL (version Indiana Jones ou Kyo, c’est au choix). J’ai reçu la vidéo. La qualité n’était pas du tout au rendez-vous. Le son, l’image, rien ne permettait de valoriser le travail. Et surtout, plus je regardais la vidéo, moins je me reconnaissais et plus je me demandais : est-ce vraiment cette histoire que j’ai envie de raconter aujourd’hui ? C’est difficile de se poser cette question quand tant d’efforts ont été fournis pour aboutir à ce spectacle, dont j’étais et suis encore très fier. Mais sincèrement, ce fut l’élément déclencheur d’une vraie réflexion. Qu’est-ce que j’ai envie de raconter, comment ai-je envie de le raconter ?
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Allez, on continue :
@chloe daumal
Et depuis ? rien. 8 mois ont passé. 8 mois où tout s’est arrêté avec à la fois une sensation de grand soulagement et de grande anxiété.
Soulagement
parce que j’osais appuyer sur le bouton pause, malgré toute la fierté portée à ce projet. Ce projet que j’aimais, certes, mais qui ne me semblait plus être complétement en accord avec ce que j’étais devenu. En me lançant, je n’avais pas mesuré tout l’investissement émotionnel à venir. Affronter les bonnes comme les mauvaises critiques. Vivre des premières ruptures artistiques et professionnelles, des déménagements, des éloignements avec des amis, la famille. La sensation de s’éloigner d’un quotidien que j’aimais. Fort heureusement, j’ai la chance de vivre avec un homme que j’aime profondément et qui m’a soutenu et permis de faire tout ça. Bref, j’étais soulagé de pouvoir me reposer, souffler, d’apprécier avec le recul tout ce qui a été fait, d’accepter qu’il est sain de se questionner et de se dire : c’est bien, mais, j’ai changé. Changé par ces expériences, mais surtout, changé par la lecture. Depuis que j’ai commencé à écrire, je me suis à lire, beaucoup, vraiment, vraiment beaucoup. Des lectures que j’ai trouvées par moi même, ou conseillées par mon entourage artistique, mes ami.es, des artistes, personnalités que j’admire. Ces lectures qui m’ont éveillé, fait changer ma vision de la société, et ainsi questionné sur mes écrits, mes envies, ce que je voulais raconter. Donc 8 mois de recul, de soulagement, mais aussi d’
Anxiété
Car petit à petit je voyais le temps passer, tous les autres artistes développer des projets, des contenus vidéos, obtenir des contrats d’édition, de production. Je voyais tant de podcasts, spectacles, livres sortir. Même si on sait que rien ne sort sans des mois, voire années de travail, la déformation de nos ressentis par les réseaux sociaux fait toujours son effet. Et moi : rien. Alors des idées ont été lancées dans tous les sens, avec une plus ou moins bonne réception ou concrétisation, en épuisant parfois mon entourage sur ce projet. J’avais juste l’impression d’être sorti d’une machine à laver, en cycle essorage. J’étais derrière le hublot, trempé, tout en sachant qu’il faudrait à un moment donné retourner dans la machine. Mais se lancer dans un tel tourbillon : comment et pourquoi ? (pour ne pas rester trempé, ok.) (On appréciera, ou pas, la métaphore à peine appuyée). Bon vous allez me dire, 8 mois c’est pas si long. En temps ressenti, si ! Surtout à l’ère des réseaux et de cette surproduction de contenus.
Et puis j’ai été invité à un podcast, Arty Time, pour partager un crush artistique. J’y ai parlé de Sally Rooney, et de son livre Où es-tu monde admirable, écrit en mode épistolaire (par mails et par courriers). Puis j'‘ai été invité à un autre podcast, celui de mon amie Nolyne Cerda, Vous avez un mp. Pour clôturer l’épisode, je devais choisir un texte à lire. J’ai pris un extrait de Lettres à jeune poète de Rainer Maria Rilke. Et quelques jours après, j’achetais Les Correspondances de Truffaut au marché aux puces. N’en jetez plus, on a compris les signes : tout me ramenait à la forme épistolaire, ancienne ou contemporaine.
Je me souviens de mon professeur de théâtre à Lille qui me disait en permanence “prends le temps”. Alors que moi je ne voulais pas prendre le temps, je voulais immédiatement foncer tête baissée dans ce nouveau plaisir de création. Je découvrais que j’avais une voix qui potentiellement pouvait être écoutée, des écrits qui pouvaient être lus. Mes idées devaient se concrétiser là maintenant, tout de suite. Avec le recul, je me rends compte que mon professeur de théâtre avait raison. Il n’y a aucun regret dans ce qui a été fait, le temps est important. C’est ce que le mot épistolaire m’inspire : le temps de lire, d’écrire, d’attendre la réponse. J’aime l’idée de retrouver ce plaisir un peu ancien des correspondances, des mots posés sans aucune précipitation, sans contrainte d’immédiateté de lecture et de réaction. C’est bien de prendre le temps de construire son identité, son projet, ses envies. Je vais donc prendre le temps :
De faire quelque chose de ces questionnements des 8 mois passés
(un premier petit teasing d’un projet sur lequel je travaille, mais que je ne vais pas vous dévoiler tout de suite, on a le temps.)
De réfléchir à l’avenir du premier spectacle, d’écrire sûrement un nouveau, en prenant le temps.
De me construire un nouveau rythme de vie où je vais prendre le temps pour chacun de mes projets.
Aujourd’hui, je lance donc épistolaire. Ce sera notre espace à nous. J’espère que vous y serez bien. Je souhaite partager avec vous mes lectures, mes coups de cœur artistiques, sans contrainte. Je le faisais déjà sur mon instagram. Ce sera ici plus développé. J’espère que parmi tous ces partages, certains vous inspireront. Faisons circuler ce qu’on aime, prenons le temps de lire, d’échanger, nourrissons nos inspirations. Je vais reprendre là où toute nouvelle histoire commence par, il était une fois :
épistolaire.
Bon, la prochaine fois y aura des playlists, ce sera moins auto centré. Là c’était le premier numéro d’intro. Je prends quelques minutes de plus pour vous partager deux coups de cœur artistiques :
MUSIQUE
À l’évidence de CLOU. Clou (Anne-Claire Ducoudray) vient de sortir son deuxième album. Derrière une apparente légèreté, se cache des merveilles de profondeur, de force et de douceur. Elle sera en concert au Trianon au printemps prochain (j’y serai), mais aussi en tournée (pour mes lecteur.rice.s lillois.e.s : elle passe au Grand Mix).
Théâtre
TRUFFAUT – CORRESPONDANCE Écrit et mis en scène par Judith D’Aleazzo et David Nathanson - Au Théâtre du Lucernaire.
“Truffaut-Correspondance est un spectacle impressionniste, un portrait en creux du cinéaste où s’exprime par petites touches et à travers un choix de lettres éminemment subjectif ce qui, chez lui, nous bouleverse et nous remue. On y parle enfance (beaucoup), cinéma (un peu), politique (parfois) et surtout de ce qui nous construit et fait de nous des humains pétris de contradiction. Il faut dire et entendre Truffaut pour se rendre compte à quel point, l’homme est auteur autant que cinéaste.”
J’ai eu la chance d’être invité à découvrir ce spectacle. Certes, c’est un peu pour les Truffaut addict (je serais tenté de faire un jeu de mot jardinerie, mais je pense vous avoir perdu déjà avec ma métaphore lave linge). Mais c’est une merveille d’intelligence et de poésie. Le comédien est accompagné sur scène d’un piano. C’est extrêmement beau !
Je vous embrasse,
Louis-Arthur.
Si vous avez aimé, si vous avez envie de partager auprès de vos ami.es, n’hésitez pas à mettre un petit cœur, à me laisser un petit mot d’encouragement et d’en parler autour de vous 💌
PS :
Merci pour cette jolie lettre qui rend mon dimanche plus beau alors qu'il commençait si mal.
Quelle bonne surprise de recevoir ce 1er numero …touchée par tes partages…nul doute que ton expérience de ces derniers mois raisonne pour bcp d’entre nous…prendre le temps, une vraie philosophie de vie à l’heure où l’injonction à la performance n’a jamais été aussi forte. Hâte de te lire à nouveau !