Bonjour,
ce numéro 3 de “épistolaire” prend une forme un peu différente. Il s’agit d’un portrait, d’une discussion avec un artiste que j’ai envie de vous faire découvrir : Benjamin, alias Mister James. Benjamin est une des premières personnes à qui j’ai confié mes envies scéniques. C’est un artiste dont la personnalité, le travail et l’univers me touchent particulièrement. Alors en cette période de fêtes de fin d’année, cette lettre est mon cadeau posé au pied de votre sapin. A vous de le découvrir et d’être touché.e.s par l’univers doux et onirique de Mister James.
Bonne lecture
L’origine de notre première vraie rencontre s’est évaporée de notre mémoire. Lui se souvient d’un selfie pris devant La Cigale, moi d’une discussion sur les hauteurs du Sacré Coeur. Ce que l’on sait, c’est que tout a commencé sur Instagram un peu avant 2020. Benjamin y postait des reprises de chansons françaises depuis son cabinet de curiosités, moi des chroniques. J’avais découvert avec grande émotion sa chanson Victor. Nous nous sommes écrits pour parler de musique, de notre passion commune pour Vincent Delerm, de nos envies respectives de monter sur scène. Lui au travers de ses chansons, moi au travers de mes histoires. Pendant le confinement, Benjamin m’a invité à poser ma voix sur son titre Sous les balles la terreur. Je l’ai à mon tour invité à incarner Andrew, l’assistant d’anglais dont je tombe amoureux dans mon spectacle. (oui, si vous avez vu mon spectacle, la magnifique voix de Andrew, c’est lui).
Nous avons pendant plusieurs années vécu par procuration nos aventures scéniques respectives et avons toujours été troublé des similitudes de nos parcours.
Nos histoires d’amour sont les mêmes
Comme si nous avions pratiqué
Dans des piscines parallèles
La natation synchronisée
Vincent Delerm - Natation synchronisée
Depuis, Benjamin a trouvé sa voix et s’épanouit dans un univers artistique hybride, peuplé de créatures de cabaret. Benjamin a chanté au Cabaret Secret, à La Barbichette, fait la première partie de November Ultra, et développé son propre spectacle de cabaret Mister James et les créatures enchantées. Benjamin se présente aujourd’hui sur scène en tant que Mister James, chanteur de Cabaret Pop. Espiègle, rêveur, Mister James touche en plein coeur avec ses chansons et s’apprête à vivre une année 2025 riche en projets. Il m’a semblé que c’était le bon moment pour vous parler de lui et de vous donner envie de le suivre dans ses aventures.
Nous nous sommes donné rendez-vous à distance un soir de décembre. Ensemble, nous avons parlé de lettres d’amours adolescentes et d’art indisciplinaire. Ceci est un témoignage de notre première discussion “épistolaire”.
crédit photo : Eve Saint-Ramon
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Que t’évoque le mot épistolaire ?
Le mot épistolaire me ramène à ces lettres d’enfance et d’adolescence. J’ai grandi dans une famille où l’on ne parlait pas vraiment de nos sentiments. Mes premières formes d’expression des sentiments, c’était au travers de lettres que j’écrivais. C’était pour moi la possibilité de poser des mots sur ce que je ressentais envers eux. Avec mes premiers émois amoureux, j’ai découvert qu’il m’était difficile de trouver les bons mots, de m’exprimer sur ce sujet. J’ai donc choisi d’écrire. Je me souviens tout particulièrement d’une relation épistolaire que j’ai entretenue avec une fille de ma classe au lycée. Je ressentais beaucoup d’émotions pour elle, alors que je n’étais pas au clair avec mon orientation affective. Nous nous écrivions sans qu’il ne se passe rien en dehors de ces lettres, provoquant chez elle une forme d’incompréhension. Nous nous sommes retrouvé.e.s il y a quelques années, et j’ai pu tout lui expliquer.
Aujourd’hui, je continue toujours d’écrire des lettres. J’aime prendre le temps d’approfondir mes émotions, de les analyser. J’aime écrire des mots à mon amoureux, qu’ils soient posés le matin sur le bar de notre cuisine à côté d’une tasse de café, ou sur WhatsApp. Je suis de ceux qui aiment écrire sur les livres d’or et les cartes d’anniversaires.
Et as-tu un rituel d’écriture, un lieu dans lequel tu aimes créer ?
Je n’ai pas de rituel ni de lieu particulier pour écrire. C’est la contrainte de temps, de thème ou de support qui développe ma nécessité d’écriture. Cela peut être une phrase entendue lors d’une soirée, d’une situation observée dans un café. L’instant est pour moi plus important que le lieu.
J’ai été très marqué par les retours de mes professeurs de français ou de philo qui me disaient souvent “c’est bien, mais développez”. C’est peut être pour sa forme contrainte par le temps, condensée et peu vraiment développée que je me suis naturellement tourné vers l’écriture de chansons.
J’aime la forme condensée d’une chanson, laissée comme une empreinte.
Est-ce qu’il y a une œuvre littéraire ou musicale qui t’a donné envie d’écrire ?
Je pense que nous partageons toi et moi le même point de départ : Vincent Delerm. Il y a eu cette première rencontre avec Fanny Ardant et moi, puis Châtenay Malabry. Cette chanson écrite sous forme d’une lettre m’a énormément troublé et poursuivi. On en revient toujours à cette forme épistolaire. Et puis il y a eu la rencontre avec le Cabaret, d’ailleurs Vincent Delerm aurait pour moi toute sa place dans un cabaret.
Justement, comment s’est passée ta rencontre avec l’univers du cabaret ?
C’était en 2016, j’habitais alors à Montmartre. Des ami.es me parlaient très souvent du cabaret Madame Arthur au Divan du Monde. J’y suis allé et j’ai été immédiatement fasciné par ce que je voyais : une petite scène avec 3 artistes au piano, à l’accordéon, chantant des chansons avec une telle connivence et intensité. J’ai commencé à y aller 2 fois par semaine. La proximité entre les artistes et le public a fait que les artistes ont commencé à me reconnaitre. Je me suis présenté à l’artiste Monsieur K, je lui ai parlé de mes chansons. A la fin de l’année 2019, j’ai eu la chance de pouvoir les jouer aux côtés des créatures du Cabaret Le Secret. Mon côté trop sage trouvait d’un coup toute sa place au sein de cet univers, cet art que Monsieur K qualifie d’art indisciplinaire. J’aime participer à la forme éphémère du Cabaret. Il faut être incisif, savoir saisir l’instant présent et le transformer en art immédiat. Je continue aujourd’hui de suivre les aventures de Monsieur K dans son nouveau projet, La Barbichette Cabaret à la Machine du Moulin Rouge.
Grâce au cabaret, j’ai commencé à comprendre ma singularité, pourquoi je m’étais lancé dans la création artistique. Il est temps aujourd’hui pour moi de passer à une nouvelle étape.
petit aparté : Télérama vient de consacrer un très bel article “Queer, pop... un vent de folie souffle sur les nouveaux cabarets”. L’article est à découvrir ICI et on y voit une très belle photo de Mister James prise par Fanny de Gouville pour Télérama Sortir.
crédit photo : Fanny de Gouville
Comment va se traduire cette nouvelle étape ?
Je travaille aujourd’hui sur mon projet solo, un concert enrichi avec des personnages. J’ai pu jouer cette forme à deux reprises, notamment pour la Scène Nationale d’Alençon. Après avoir reçu le soutien de la DRAC (service déconcentré du Ministère de la Culture qui soutient la création artistique), j’ai la chance de pouvoir travailler et répéter deux fois par semaine dans un très beau théâtre à l’italienne mis à disposition par la Ville de Coulommiers.
Je vais également publier sur les plateformes 6 titres, qui vont sortir un par un avant de former un EP.
Voilà, l’impatience est désormais grande et j’espère que vous avez autant hâte que moi de découvrir tous ses nouveaux projets.
Pour ne rien rater et suivre le travail de Mister James je vous invite à vous abonner à son compte INSTAGRAM et/ou consulter régulièrement son SITE INTERNET.
Et surtout je vous invite à aller le découvrir sur scène à La Barbichette Cabaret (Machine du Moulin Rouge) ou ailleurs ! Moi j’irai l’applaudir le 17 janvier au Bal Blomet (dans le 15ème arrondissement de Paris). On s’y retrouve ?
Je vous embrasse,
Louis-Arthur.
Si vous avez aimé, si vous avez envie de partager auprès de vos ami.es, n’hésitez pas à mettre un petit cœur, à me laisser un petit mot d’encouragement et d’en parler autour de vous 💌
PS : je vous laisse avec les coups de coeur de Benjamin.
PLAYLIST
J’ai demandé à Benjamin de me partager des chansons chères à son coeur.
Le mystère abyssal - MPL // Repenti - Renan Luce // Veuve noire - Juliette // La Tour Eiffel - Eric Toulis // Lettera - Babx // Le jouet - Berthe Sylva // Deauville sans Trintignant - Vincent Delerm
La playlist est disponible sur SPOTIFY & DEEZER.
LECTURE
La recommandation lecture de Benjamin :
LA CONFIANCE EN SOI, UNE PHILOSOPHIE de Charles Pépin
Merci d'avoir lu et écouté épistolaire. !
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Merci pour ce bel épisode. J'aime beaucoup Mister James et l'univers cabaret. J'espère pouvoir y aller cette année.